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mobilière, une aggravation de taxe pour certaines valeurs qu’on serait fort en peine de dénommer et de classer. Où finit le nécessaire ? Où commence le superflu ? A quel signe reconnaît-on le luxe ? On peut défier les faiseurs de catégories d’établir une classification, je ne dirai pas satisfaisante, mais conforme au sens commun. Prendra-t-on pour base la valeur locative ? c’est retomber dans les mécomptes signalés au paragraphe précédent ; — le nombre des domestiques ? ce ne sont pas tous des parasites ; — celui des chevaux et voitures ? le médecin, l’entrepreneur, l’homme d’affaires, tous gens de labeur, en peuvent user pour leurs courses plus que le rentier à 50,000 fr. de revenu, sans arriver à plus que de joindre les deux bouts.

L’idée de l’impôt de luxe est sortie des bas-fonds de la médiocrité envieuse et impuissante : ceux de ses adeptes qu’un coup du sort a portés à la fortune sont les premiers à se vautrer dans l’orgie, à donner le scandale de toutes les extravagances que provoquent l’opulence et l’oisiveté. Le fisc l’a accueilli, d’abord comme une de ces satisfactions illusoires que la politique accorde à la vile multitude ; puis, parce que le fisc, étant toujours besoigneux d’argent, est toujours prêt à se servir des moyens qu’on lui indique de s’en procurer.

Il m’arrive assez souvent de citer les autres : qu’on me permette de me citer moi-même. J’écrivais, il y a quinze ans :

« Vous voulez frapper les objets de luxe ; c’est