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des lois : il n’attend pas que des faits imprévus se produisent pour les refouler d’une main arbitraire. — Ailleurs, t. II, p. 73-77, le même professeur signale, comme conséquences d’une concurrence exagérée, la formation incessante d’une aristocratie financière et territoriale, la déroute prochaine de la petite propriété, et il jette le cri d’alarme. De son côté, M. Blanqui déclare que l’organisation du travail est à l’ordre du jour dans la science économique (depuis il s’est rétracté) ; il provoque la participation des ouvriers dans les bénéfices et l’avènement du travailleur collectif, et tonne sans discontinuer contre les monopoles, les prohibitions et la tyrannie du capital. Qui habet aures audiendi audiat ! M. Rossi, en qualité de criminaliste, statue contre les brigandages de la concurrence ; M. Blanqui, comme juge instructeur, dénonce les coupables : c’est la contrepartie du duo chanté tout à l’heure par MM. Reybaud et Dunoyer. Quand ceux-ci crient Hosanna, ceux-là répondent, comme les Pères des Conciles, Anathema.

Mais, dira-t-on, MM. Blanqui et Rossi n’entendent frapper que les abus de la concurrence ; ils n’ont garde de proscrire le principe, et dans tout cela ils sont parfaitement d’accord avec MM. Reybaud et Dunoyer.

Je proteste contre cette distinction, dans l’intérêt de la renommée des deux professeurs.

En fait, l’abus a tout envahi, et l’exception est devenue la règle. Lorsque M. Troplong, défendant, avec tous les économistes, la liberté du commerce, reconnaissait que la coalition des messageries était un de ces faits contre lesquels le législateur se trouvait absolument sans action, et qui semblent démentir les notions les plus saines de l’économie sociale, il avait encore la consolation de se dire qu’un semblable fait était tout exceptionnel, et qu’il y avait lieu de croire qu’il ne se généraliserait pas. Or, ce fait s’est généralisé ; il suffit au jurisconsulte le plus routinier de mettre la tête à sa fenêtre, pour voir qu’aujourd’hui tout absolument a été monopolisé par la concurrence, les transports (par terre, par fer et par eau), les blés et farines, les vins et eaux-de-vie, le bois, la houille, les huiles, les fers, les tissus, le sel, les produits chimiques, etc. Il est triste pour la jurisprudence, cette sœur