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du juste, comme il s’est trompé sur la cause des météores et sur le mouvement des corps célestes ; ses vieilles opinions ne peuvent être prises pour articles de foi. Que nous importe que la race indienne soit divisée en quatre castes ; que sur les bords du Nil et du Gange, la distribution de la terre ait été faite jadis en raison de la noblesse du sang et des fonctions ; que Grecs et Romains aient placé la propriété sous la garde des dieux ; que les opérations de bornage et de cadastre aient été parmi eux accompagnées de cérémonies religieuses ? La variété des formes du privilége n’en sauve pas l’injustice ; le culte de Jupiter propriétaire[1] ne prouve rien contre l’égalité des citoyens, de même que les mystères de Vénus l’impudique ne prouvent rien contre la chasteté conjugale.

L’autorité du genre humain attestant le droit de propriété est nulle, parce que ce droit, relevant nécessairement de l’égalité, est en contradiction avec son principe ; le suffrage des religions qui l’ont consacré est nul, parce que dans tous les temps le prêtre s’est mis au service du prince, et que les dieux ont toujours parlé comme les politiques l’ont voulu ; les avantages sociaux que l’on attribue à la propriété ne peuvent être cités à sa décharge, parce qu’ils découlèrent tous du principe d’égalité de possession que l’on n’en séparait pas.

Que signifie, après cela, ce dithyrambe sur la propriété ?

« La constitution du droit de propriété est la plus importante des institutions humaines… »

Oui, comme la monarchie en est la plus glorieuse.

« Cause première de la prospérité de l’homme sur la terre. »

Parce qu’on lui supposait pour principe la justice.

« La propriété devint le but légitime de son ambition, l’espoir de son existence, l’asile de sa famille, en un mot, la pierre fondamentale du toit domestique, des cités et de l’état politique. »

La possession seule a produit tout cela.

« Principe éternel. »

La propriété est éternelle comme toute négation.

  1. Zeus klésios