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dence est dans les règles de l’arithmétique. Ce chapitre et le suivant serviront à jeter les fondements de cette incroyable doctrine. C’est alors que se découvrira aux yeux du lecteur une immense et nouvelle carrière : alors nous commencerons à voir dans les proportions des nombres, l’unité synthétique de la philosophie et des sciences, et pleins d’admiration et d’enthousiasme devant cette profonde et majestueuse simplicité de la nature, nous nous écrierons, avec l’Apôtre : « Oui, l’Éternel a tout fait avec nombre, avec poids, avec mesure. » Nous comprendrons que l’égalité des conditions non seulement est possible, mais qu’elle est seule possible ; que cette apparente impossibilité qu’on lui reproche lui vient de ce que nous la concevons toujours soit dans la propriété, soit dans la communauté, formes politiques aussi contraires l’une que l’autre à la nature de l’homme. Nous reconnaîtrons enfin que tous les jours, à notre insu, dans le temps même où nous affirmons qu’elle est irréalisable, cette égalité se réalise ; que le moment approche où, sans l’avoir cherchée ni même voulue, nous l’aurons partout établie ; qu’avec elle, en elle et par elle, doit se manifester l’ordre politique selon la nature et la vérité.

On a dit, en parlant de l’aveuglement et de l’obstination des passions, que si l’homme avait quelque intérêt à nier les vérités de l’arithmétique, il trouverait moyen d’en ébranler la certitude ; voici l’occasion de faire cette curieuse expérience. J’attaque la propriété, non plus par ses propres aphorismes, mais par le calcul. Que les propriétaires se tiennent donc prêts à vérifier mes opérations : car si par malheur pour eux elles se trouvent justes, ils sont perdus.

En prouvant l’impossibilité de la propriété, j’achève d’en prouver l’injustice ; en effet,

Ce qui est juste, à plus forte raison est utile ;

Ce qui est utile, à plus forte raison est vrai ;

Ce qui est vrai, à plus forte raison est possible ;

Conséquemment, tout ce qui sort du possible sort par là-même de la vérité, de l’utilité, de la justice. Donc, a priori, on peut juger de la justice d’une chose par son im-