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Ainsi l’État a bientôt payé en annuités trois fois le capital de sa dette sans l’avoir par là exonérée d’un centime. »

L’économie, qui a la prétention d’être une science positive, ne peut refuser d’admettre cette généralisation que le travail doit amortir tous les capitaux. Les concessions temporaires et les annuités imputées sur le capital n’auraient pas de raison d’être si elles devaient rester à l’état d’exception.

Au surplus, le capitaliste lui-même a renoncé de fait à la pérennité de l’intérêt. Des dividendes, des primes, et la rentrée dans ses fonds, voilà ce qu’il recherche ; ce que nous répondions en 1848 à ceux qui nous demandaient ce que les capitalistes feraient de leurs capitaux quand ils ne les placeraient plus sur l’État ou sur hypothèque : l’énorme mouvement de valeurs dont la Bourse est le marché n’a pas d’autre cause.

Eh bien ! qu’offre aujourd’hui à la spéculation avide, impatiente, l’amortissement, combiné avec la puissance de production qui peut résulter de la formation progressive des Sociétés ouvrières, des Compagnies de travailleurs ?

Ce qu’il vous offre, ô spéculateurs à courte vue, ô hommes d’État pusillanimes, qui redoutez pour votre crédit l’encombrement des valeurs ! c’est la faculté illimitée de créer de la richesse et d’en prendre votre part, comme cela a lieu dans la Société des Maçons, qui donne 13 fr. 33 c. 0/0 à ses fournisseurs commanditaires ; c’est par conséquent la faculté pour chacun de vous de réaliser à volonté, sans avoir jamais à redouter de banqueroute, le capital, augmenté d’une part du produit net, qu’il aura engagé en quelque entreprise que ce soit !

Avec le travail pour hypothèque et l’annuité pour moyen, votre capital n’est plus sujet à dépréciation, votre propriété devient inviolable, vos placements et avances ne redoutent plus la consolidation, vos rentes n’ont rien à craindre de la conversion : il vous suffit, et le travailleur vous en sera reconnaissant, de faire valoir votre inépuisable hypothèque, le Travail. Inventez maintenant, faites des découvertes, construisez des machines, créez, avec de nouveaux besoins, de