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sociale, ayant la ferme volonté de les suivre, sans y mêler rien des fantaisies et hallucinations de l’époque ; il s’agit, en un mot, pour la question que nous venons de poser, de former, non pas une masse de capitaux, mais un fonds d’hommes.

Les initiateurs trouvés, reste à grouper autour de chacun d’eux un nombre d’ouvriers, ou pour mieux dire de collaborateurs, destinés à devenir, en chaque catégorie du travail, une société modèle, un véritable embryon palingénésiaque.

C’est de ce groupe que nous demandons s’il possède en soi une force particulière de production.

Le Travail, avons-nous dit dans notre Introduction, est une force productrice, la première de toutes et la plus puissante ; le Capital en est une autre ; le Commerce une autre ; la Spéculation encore une autre. On peut ajouter à cette liste la Propriété, le Crédit, la Concurrence, etc. Tout ce qui est action ou principe d’action en Économie est force productrice. Cela posé, le Groupement des travailleurs, abstraction faite du travail de chacun d’eux, et du Capital qui les exploite et qu’ils servent, est-il aussi, comme la Division du travail, une force ? Cette force peut-elle suppléer le capital, et se passer de sa protection ?

Les faits, plus éloquents dans leur spontanéité que les théories, vont répondre.

Nous avons visité les Sociétés ouvrières. Nous nous sommes procuré le relevé de leur situation depuis leur origine jusqu’au 31 décembre 1853, puis de 1853 jusqu’en 1856 ; nous avons étudié leur discipline intérieure et les principes, plus ou moins clairement exprimés dans leurs actes, qui les régissent toutes. Nous croyons faire plaisir au public en publiant les détails qu’on va lire sur le mouvement de transformation qui se prépare dans l’économie industrielle, en dehors des formules du Code et des prévisions de la jurisprudence.

Les bases sur lesquelles sont constituées toutes ces Associations sont les suivantes :

1. Faculté illimitée d’admettre sans cesse de nouveaux associés ou adhérents ; conséquemment, perpétuité et multiplication à l’infini des compagnies et caractère universaliste de leur constitution.