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lution française, aux principes du Code civil et de toutes nos constitutions ; amende honorable, à la noblesse et à l’Église, des antiques injures commises contre les deux premiers ordres par le Tiers anarchique et jaloux : telle nous apparaît la Féodalité nouvelle.

Cependant l’esprit révolutionnaire est toujours là qui veille : et de même que la Féodalité antique, par cela même qu’elle froissait les droits du grand nombre, appelait une révolution dans le sens de l’Égalité ; de même la Féodalité nouvelle, subalternisant le travail et se résolvant en une exploitation capitaliste au profit d’une caste de parasites, appelle à son tour une révolution dans le sens du partage, ce que nous avons appelé Liquidation.

À la Féodalité industrielle, en un mot, doit succéder, selon la loi des antinomies historiques, une Démocratie industrielle : Cela résulte de l’opposition des termes, comme le jour succède à la nuit.

Mais quel sera l’agent de cette révolution ?

L’histoire encore nous le révèle. Entre l’ancienne féodalité et la révolution, il y eut, comme régime transitoire, le despotisme. Entre la Féodalité nouvelle et la liquidation définitive nous aurions donc une concentration économique, tranchons le mot, un Empire industriel.

Ce premier acte de la réaction du droit contre le privilége, réaction amenée par la nature des choses et par la logique de l’histoire, n’est plus une prévision : il est flagrant. Nous venons d’en voir un échantillon dans le projet de M. Angelo Tedesco.

Du reste, nos lecteurs comprendront que lorsque nous nous servons de ce mot, Empire industriel, pour désigner le point culminant de l’absorption capitaliste et spéculative, nous n’entendons nullement accuser l’intention du pouvoir, mais seulement la tendance des idées et des faits. C’est ce que nous avons maintenant à prouver.


§ 2. l’empire industriel : apogée de la crise.


Remontons de quelques années en arrière.

Les excès du mercantilisme et de la spéculation ; l’accrois-