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planter d’anciennes industries, il s’en faut de beaucoup que sa productivité, dans l’inventaire général du pays, soit telle que le donnent à entendre les cotes de la Bourse : il y a plutôt déficit. Ni le produit brut, ni le produit net industriel, en un mot, ne s’est accru depuis vingt-cinq ans dans la même proportion que le capital engagé ; et comme le mouvement ne s’arrête pas, l’appauvrissement croît toujours.

2° Retour au salariat de la population industrieuse à fur et mesure du développement de la société anonyme, et distribution de moins en moins équitable des produits. — On a vu dans l’Introduction, page 6, que la répartition de la richesse, de même que le transport de la richesse, est elle-même richesse. Tout ce qui tend à rendre cette répartition moins universelle et moins égale est donc cause d’appauvrissement, ni plus ni moins qu’une entrave apportée à la circulation, une taxe sur le travail, un impôt sur le produit.

3° Défruitement des campagnes par les chemins de fer, au profit de Paris, des grandes villes et de l’étranger, et au détriment des populations rurales. — Avant l’établissement des chemins de fer, la plus forte partie des produits agricoles étaient consommés sur place : il en résultait sur tous les points du pays, hors de la sphère d’action des grandes villes, un état de bon marché qui permettait aux classes pauvres de vivre du plus modique salaire. Si elles gagnaient peu, elles dépensaient peu ; la condition était égale. Actuellement l’équilibre est rompu : le chemin de fer, en assurant des prix plus élevés aux produits du sol, a créé la cherté dans les campagnes. Le journalier ne peut plus subsister : sept millions de travailleurs, de tout âge et de tout sexe, ont commencé de se mettre en marche pour aller demander aux travaux de l’État, aux entreprises par actions, à la domesticité, à l’émigration, une existence que le pays natal leur refuse.

4° Défaite de la propriété immobilière par la propriété mobilière, en autres termes de l’hypothèque par l’action. — Elle résulte de l’ensemble des faits industriels et finan-