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celle des Anglais ; 3° lui assurer un commerce proportionnel.

Un semblable déplacement, qui exigerait des milliards, suppose d’ailleurs dans les relations internationales des révolutions qui ne peuvent être que l’effet de causes profondes et du temps, sans compter qu’il viole toutes les données de la géographie, et change arbitrairement le caractère et la destinée des nations.

Ce simple rapprochement montre déjà combien fausse, intempérante et inepte, était l’idée d’importer à Paris les docks de Londres ; quelle absurdité couvrait l’emploi de ce mot anglais dock, pour désigner une chose qui, à Paris, dans aucun cas, ne pouvait avoir rien du dock anglais ; combien pitoyable enfin devait être la contrefaçon ?

Rendons-nous compte de la position, de la vie, de l’industrie, du commerce parisiens.

Le dock n’a d’importance, d’usage à Londres que pour les matières premières, les denrées encombrantes, apportées par la mer, et qui demandent à être logées, en attendant qu’elles soient enlevées par le consommateur anglais ou étranger. L’exportation n’a que faire des docks.

Ceci posé, procédons par élimination.

La bijouterie, les modes, les nouveautés, l’horlogerie, l’article Paris, etc., n’ont rien à voir avec les entrepôts. Les frais de transport et d’emmagasinage sont minimes comparativement à la valeur des objets ; et ce sont des produits d’une détérioration facile, qui doivent se vendre au jour le jour, sous peine d’une dépréciation considérable. Les docks pourraient tout au plus leur offrir la ressource d’un mont-de-piété, d’un prêt sur nantissement dans le genre des sous-comptoirs organisés par le décret du 24 mars 1848, c’est-à-dire un palliatif à la misère, une exploitation philanthropique, plus faite pour déconsidérer le négociant que pour faciliter l’écoulement de ses produits.

Quant aux denrées encombrantes, servant à la consommation de Paris, elles ont leurs entrepôts à Paris : c’est la halle aux Vins, la halle aux Blés, le grenier d’Abondance, le grenier à sel, la Douane, institutions publiques ; les caves de Bercy, les chantiers d’Ivry et de la Râpée, institutions pri-