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Les lettres de gage, au capital nominal de 100 fr., étaient émises à 110 fr., payables, savoir :

35 fr. au moment de la souscription.
25 fr. en janvier 1855.
25 fr. en jvier1856.
25 fr. en jvier1857, au plus tôt.

Le bénéfice de 10 fr. par obligation profitant à la Société Mirès, non aux Compagnies, le profit de l’opération devait être de 4,800,000 fr.

Déjà les prospectus annonçaient ces lettres de gage comme devant remplacer les billets de banque de 100 fr…… Tout à coup un ordre du gouvernement interdit de poursuivre l’opération, et prescrit à M. Mirès le remboursement des lettres de gage déjà placées !… Est-ce la combinaison qui était mauvaise, et le pouvoir n’a-t-il fait que venir au secours d’un spéculateur maladroit ? ou bien, comme d’autres l’affirment, est-ce à une influence jalouse qu’il faut attribuer l’interdiction subite du placement ? Dans l’un comme dans l’autre cas, le gouvernement, par son intervention officieuse ou officielle dans une transaction particulière, a, sans le vouloir, excédé la limite de sa juste influence, et ouvert la porte à une foule d’abus. Dès l’instant qu’il sera facultatif au pouvoir d’arrêter une opération, heureuse ou malheureuse, de relever un spéculateur de ses engagements ou de jeter l’interdit sur une entreprise, il n’y a plus de sécurité dans les affaires ; la bonne foi, tacitement subordonnée par des négociateurs pervers à la volonté éventuelle du prince, n’est plus qu’un mot ; la confiance commerciale est anéantie.

La fusion, annoncée comme un fait accompli, sanctionnée par décret du 28 juin 1856, rentre parfaitement dans l’esprit de centralisation du gouvernement et de la féodalité financière.

Nous comprenons l’unité des titres ; mais elle n’a pas pour conséquence forcée la centralisation administrative des opérations de la banque foncière. Il est alloué 60 cent. en maximum par 100 fr. pour frais d’administration, ne serait-ce point afin de doter mieux l’état-major bureaucratique