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L’escompte des effets de commerce est toujours la principale opération de la Banque et de ses succursales, et c’est à leur progression qu’est dû ce doublement du chiffre des opérations. Il était :

En 1847 de 2,659,845,309 608,772,510 fr. En 1854 de 2944,000,000
En 1852 de 1,824,469,428 En 1855 de 3,762,000,000
En 1853 de 2,842,930,285 En 1856 de 4,674,000,000

N’est-ce pas la réalisation de ce que nous disions : « Une banque est une entreprise d’assurances qui, avec 50 millions de capital placé sur l’État, peut garantir 3 ou 4 milliards de transactions annuelles ? » — Mais alors le principe que le capital de l’établissement sert de garantie à ses opérations devient une fiction ; la sécurité dont il jouit lui est tout extérieure ; la mutualité des échanges est démontrée. Ce sont les négociants, les producteurs qui servent se réciproquement de caution ; le gage des billets, ce n’est ni rencaisse, ni la réserve, ni le capital, mais le portefeuille.

Alors pourquoi le commerce est-il tributaire d’une poignée de capitalistes ? pourquoi la Banque reste-t-elle une institution privée ? pourquoi n’est-ce pas aux chambres de commerce ou aux tribunaux consulaires qu’appartient le droit de réglementer le taux de l’escompte et les échéances ? pourquoi enfin l’institution prélève-t-elle des bénéfices sur une encaisse qui ne lui appartient pas, sur des billets qui ne sont pas les siens ?

La loi de 1840 avait prorogé jusqu’en 1867 le privilége de la Banque, avec faculté pour l’État d’en changer les conditions en 1855. Le décret du 3 mars 1852 a maintenu la prorogation pure et simple.

Le privilége de la Banque est de ceux qui ne se révoquent pas. Trop d’intérêts sont en jeu dans une pareille organisation pour qu’on la brise. Mais l’institution devra, croyons-nous, se modifier considérablement. Elle ne rend pas au commerce tous les services qu’il a droit d’en attendre et que lui impose son monopole. La condition des trois signatures, le maximum des échéances fixées à 90 jours sont au premier rang parmi les entraves apportées à l’escompte. Les décisions prises par le conseil sur l’exhaussement du taux de