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l’autre cette réforme. Était-elle possible sans l’annexion des banques départementales ? Non sans doute ; car interdire à celles-ci le droit d’émettre des billets, c’était les réduire au rôle des comptoirs d’escompte et changer la nature même de leur institution. Maintenant la centralisation administrative de toutes les institutions de crédit est-elle sans inconvénients ? Nous ne le croyons pas. Nous réservons cette question pour le chapitre suivant.

Quoi qu’il en soit, la fusion des banques fit immédiatement tomber les entraves auxquelles on avait assujetti celles des départements. Le résultat montra combien le commerce avait été gêné par ces restrictions. Les mandats des départements sur Paris et de Paris sur les départements, qui ne s’étaient élevés en 1847 qu’à 96 millions, montèrent en 1848, malgré l’atonie des affaires, à 436 millions.

L’activité de la Banque pendant la crise de 1848 fut prodigieuse. Le 31 mars elle prêta à l’État 50 millions sur bons du Trésor ; le 5 mai elle fit à la Caisse des dépôts un prêt de 30 millions sur dépôt de rentes ; le 3 juin elle ouvrit au ministre des finances un crédit de 150 millions, dont il n’usa que jusqu’à concurrence de 75 millions ; elle souscrivit pour 22 millions et demi à l’emprunt du 24 juin. Elle avança 10 millions à la ville de Paris, prêta 6 millions au département de la Seine, 13 millions à la ville de Marseille, 1 million aux hospices. Elle devait assez au gouvernement pour lui venir en aide. Heureusement ces découverts n’allèrent pas jusqu’à provoquer une panique.

La Banque vint également au secours de l’industrie. Elle prêta 34 millions sur hypothèque aux grandes usines métallurgiques, et 60 millions sur dépôts de marchandises. Les effets en souffrance s’élevèrent un moment à 84 millions : rien de tout cela n’ébranla son crédit. Les billets étaient recherchés de préférence aux espèces : aussi une loi dut-elle autoriser une augmentation d’émission. Sa circulation, limitée d’abord à 350 millions, portée à 452 par suite de la fusion, fut élevée à 525 par la loi du 22 décembre 1849.

Le cours forcé cessa le 6 août 1850 ; mais, dès l’année précédente, la Banque avait, de fait, repris ses payements en