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Toutefois la crise passa comme tant d’autres ; la circulation remonta bientôt à 70 millions, et les réserves à 93. L’essor que prit l’industrie après l’invasion vint donner à la Banque un aliment dont elle avait besoin.

Les doctrines absolutistes en matière de crédit semblèrent un moment s’en aller avec le régime impérial. Il fut question à la chambre des députés et dans l’assemblée des actionnaires de rendre à la Banque son indépendance. Mais un pouvoir ne consent pas aisément à se dessaisir d’une institution de cette importance. Les projets de réforme ne tardèrent pas à être abandonnés.

Cependant la Banque n’eut pendant quatre ans qu’un gouverneur provisoire, M. Laffitte, choisi par l’administration dans les désastres de 1814 ; ce qui ne l’empêcha pas d’échapper à la crise de 1818, durant laquelle l’encaisse descendit à 34 millions. Le conseil, à cette occasion, réduisit à 15 jours le terme des effets admis à l’escompte.

La création des banques départementales fut une bien petite concession à l’esprit de liberté. Ainsi, tandis que les comptoirs annexes de la banque de Paris pouvaient admettre du papier sur plusieurs places, les banques de départements indépendantes ne pouvaient pas faire d’opérations hors des villes où elles étaient établies. Ces restrictions apportèrent une entrave considérable au développement du commerce et du crédit. Les réclamations éclatèrent de toutes parts, surtout en 1840, lorsque vint la discussion sur le renouvellement du privilége. Les chambres et le gouvernement ne voulurent rien entendre. La loi resta telle quelle jusqu’en 1848.

Quoi qu’il en soit, neuf banques départementales se fondèrent de 1817 à 1838, savoir :

Rouen, 1817. ---------- Lyon, 1835. ---------- Orléans, 1836.
Nantes, 1818. Marseille, 1835. Le Havre, 1837.
Bordeaux, 1818. Lille, 1836. Toulouse, 1838.

Encouragée par leur succès, la Banque de France se décida à renouveler l’expérience des comptoirs, et elle en créa successivement :