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DEUXIÈME SECTION.


ACTIONS ET OBLIGATIONS DES COMPAGNIES.

DE L’ASSOCIATION.


I


Les grands travaux d’utilité publique, canaux, chemins de fer, docks ; les grosses entreprises, banques, mines, forges, assurances, ont donné au contrat de société, depuis ces trente dernières années surtout, un essor dont les rédacteurs du Code étaient certes loin de prévoir l’importance. Le champ de l’initiative individuelle se resserre chaque jour devant les envahissements de l’association. La transformation est rapide. Nous marchons à une vaste société anonyme, où les plus puissantes individualités s’appelleront simplement, comme les petites, un numéro.

Le fort, dit M. Troplong, n’accepte pas de société. — Hé ! qu’est-ce que le fort aujourd’hui ? Que pèsent les grandes fortunes dans le creusement de canaux reliant nos fleuves et nos ports, dans l’établissement de railways s’étendant de Bayonne à Dunkerque, de Marseille au Havre, de Nantes à Strasbourg ? Où en seraient ces travaux de géants avec le seul concours des rois de la finance ?

Le véritable fort, c’est celui qui, s’emparant du formidable levier de l’association, parvient à le diriger à son profit ; par là il centuple sa puissance ; et comme la loi permet une pareille usurpation, il y a encore des forts et des faibles. Mais qu’est-ce qu’un homme réduit à ses propres ressources ?

Le développement moderne de l’association est né de la situation même, et non des petits calculs de l’économiste et