Page:Proudhon - Manuel du Spéculateur à la Bourse, Garnier, 1857.djvu/18

Cette page a été validée par deux contributeurs.

combattu pour elles, pour elles ils avaient fait la Révolution. Depuis la Révolution, les fils avaient grandi par ces mêmes idées ; la France s’était enrichie, elle leur devait le plus clair et le plus net de sa puissance. » — La foi était donc entière ; la bonne foi, par conséquent, l’honnêteté, inviolées.

Maintenant la prédiction est accomplie. L’anarchie industrielle a produit ses légitimes conséquences ; du même coup la foi aux vieilles idées s’est ébranlée, et l’honnêteté publique a disparu. Je défie qui que ce soit de dire qu’il croit à quelque chose. La féodalité industrielle existe donc, réunissant tous les vices de l’anarchie et de la subalternisation, toutes les corruptions de l’hypocrisie et du scepticisme :

Système de concurrence anarchique et de coalition légale ;

Système de concessions gouvernementales et de monopoles d’État ;

Système de corporations, maîtrises et jurandes, en commandite et anonymes ;

Système de dettes nationales et d’emprunts populaires ;

Système d’exploitation du travail par le capital ;

Système de bascule mercantile et de brigandages boursiers ;

Système de sublimation des valeurs et de mobilisation des propriétés ;

Système de consommation de l’avenir par un présent de plus en plus appauvri.

Puis, ce que les prophètes de la transformation sociale n’avaient pas eux-mêmes prévu, voici que la féodalité industrielle n’est pas plus solide que ne l’avait été l’a-