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Mouvement économique.

Une espérance nous reste.

Après avoir constaté l’état révolutionnaire dans lequel la société est fatalement engagée ; après avoir, en second lieu, reconnu le caractère pour ainsi dire théorétique de l’immoralité qui l’accompagne, nous sommes conduits à cette conclusion rassurante, que si le mal est profond, incalculable, s’il a besoin de chambres ardentes plutôt que de comédies et de harangues, du moins il n’est pas sans remède : il tient aux idées plutôt qu’aux hommes.

Oui, les idées : ce sont elles qui, par leur logique et notre inconscience, produisent la désolation des mœurs. Suivez ce progrès.

Il n’y a pas plus de quinze ans, les hommes qui observaient avec attention le mouvement économique faisaient ressortir, au sein de la paix, l’incohérence des éléments sociaux ; ils en montraient l’antagonisme et les innombrables contradictions. C’était l’anarchie industrielle, idéal de l’économisme anglican, adopté par les praticiens français, et que la critique des novateurs niait comme irrationnelle et instable. Une telle situation, disaient-ils, est éminemment critique, et ne peut se soutenir ; elle doit fatalement, par le jeu de ses principes, aboutir, sous l’action prépondérante du capital, à une formation corporative, à une féodalité industrielle.

Anarchie industrielle, Féodalité industrielle : telle était, selon eux, l’inévitable gradation.

On se moqua des prédiseurs : c’étaient des socialistes, des utopistes, des humanitaires, quoi de plus ? des ennemis de la famille et de la propriété. — « Nos pères, disait-on, dans la simplicité de leurs cœurs, avaient vécu sous l’empire des idées qu’on reprochait aujourd’hui ; ils avaient