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nos propres principes, nous imiterions la théologie si, au lieu de rechercher les causes de la dissolution contemporaine dans des principes mal définis, des notions mal différenciées, des formules inexactes, des forces mal équilibrées, surtout dans cet état de guerre sociale que les classes privilégiées ont de tout temps créé et entretenu comme l’expression de la liberté et de l’ordre, nous attaquions en masse personnes et corporations, c’est-à-dire l’humanité tout entière.

Que d’autres entreprennent, s’ils le peuvent, s’ils l’osent, l’épuration du corps social ! Pour nous, qui ne sommes ni prédicateurs ni jacobins, nous ne nous chargeons que d’interpréter les faits et de tirer au clair les idées. Trop éclairés sur les mystères de la fortune pour garder de ses injures aucun ressentiment, c’est à des sophismes que nous faisons la guerre, non à des hommes : c’est pour une science que nous combattons, nullement pour des intérêts. Et quelle science ? la Justice, dans ses applications à l’Économie…

Le coup de théâtre du 2 décembre a imposé silence aux défenseurs de la Révolution ; il n’a pas fait taire ses ennemis.

Il y a des gens qui, à propos de la spéculation boursière, ont saisi l’occasion de desserrer une ruade au socialisme, et de soutenir, contre nos critiques, l’utilité et la haute moralité du jeu.

D’autres, qui avaient eu la gloire insigne de souffrir persécution et captivité pour la république sociale, qui depuis, libérés de Belle-Isle, aussitôt engagés dans les opérations certaines de la Bourse, font consister la moralité de l’agiotage à se dérober à ses conditions aléatoires ; des hommes qui avaient commencé en 1848 la croisade du travail contre la coalition du capital, ont crié que nous voulions ramener le monde à la barbarie primitive, créer l’égalité de misère, et faire manger à la France rajeunie de 1852 le brouet noir.

D’autres enfin, M. Mirès en tête, avouant que depuis trois ans nous avons assisté à de grands malheurs, sur lesquels se sont élevées de grandes fortunes ; mais distinguant, après