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pas régulariser son service ? comment ne pas égaliser, autant que possible, les circonscriptions ?... Ce n’était pas, quoi qu’on ait dit, l’esprit d’usurpation qui dictait cette réforme ; c’étaient les besoins de l’administration, les exigences de la comptabilité.

La Constitution civile du clergé était donc indispensable : cette constitution votée, le serment ecclésiastique devenait à son tour nécessaire. On a beaucoup disputé sur la convenance politique de ce serment : on sait que Robespierre, enclin au sacerdoce et ami des prêtres, le combattit de toutes ses forces. Tactique absurde. Par la constitution qui le régissait, et par le salariat, le prêtre était devenu fonctionnaire public ; il faisait partie intégrante du nouvel État ; il était, en quelque sorte, solidaire de la Révolution. Quand tous les fonctionnaires, depuis le Roi jusqu’au garde-champêtre, quand tous les citoyens, comme gardes-nationaux, prêtaient le serment civique, était-il possible, juste, logique, d’en excepter les prêtres ?....

Au surplus, la question a été tranchée, en 1802, par une autorité que le clergé doit regarder comme souveraine : le pape, en signant le Concordat, a reconnu la Constitution du clergé. Par cette reconnaissance, désormais irrévocable, il est arrivé une chose singulière : c’est que les prêtres et évêques constitutionnels, regardés jusque-là comme schismatiques, se sont trouvés tout-à-coup plus anciens dans la vérité et plus orthodoxes que les réfractaires !

Les choses subsistèrent ainsi jusqu’à la Restauration : l’Église servant l’État, plus que l’État ne servait l’Église, et, à la faveur de ce compromis, la tolérance, soit l’indifférence philosophique, si chère à nos cœurs, gagnant toujours.

Mais à la rentrée du roi, le clergé essaya de changer sa position, en combattant les conséquences de son établissement révolutionnaire, et en conjurant l’esprit nouveau. L’abbé de Lamennais fut le chef de cette croisade contre la