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le gouvernement, la domination spirituelle et temporelle. Nous n’avons pas dégénéré de nos pères !....

L’alliance des doctrinaires avec les jésuites a tout perdu : religion, papauté, monarchie, gouvernement. À présent, il semble que le repentir les saisisse. Le président de la République a essayé d’écrire pour protester contre l’absolutisme papal. Inutile effort ! La femme qui se livre perd la volonté avec la pudeur. Les doctrinaires, subjugués par les jésuites, n’ont de pensée que celle des jésuites. Les jésuites exigent que l’armée française sorte de Rome, abandonnant le peuple à toutes les vengeances sacerdotales ; et l’armée française obéira. L’avarice se mêlant du complot, les bancocrates refuseront les crédits nécessaires au séjour de nos soldats : on aura sacrifié 25 millions pour restaurer le pape, on n’aura pas une obole pour soutenir notre influence. Coupable envers la liberté d’assassinat et de parjure, le doctrinaire se frappe la poitrine. Le jésuite vient, et dit : Partons ?

Évêques de France, je vous parlerai avec franchise, sans égard à l’opinion que je représente.

Rien ne se détruit dans le monde, rien ne se perd : tout se développe et se transforme sans cesse. Telle est la loi des êtres, la loi des institutions sociales. Le christianisme lui-même, expression la plus haute et la plus complète jusqu’à présent du sentiment religieux ; le Gouvernement, image visible de l’unité politique ; la Propriété, forme concrète de la liberté individuelle, ne se peuvent totalement anéantir. Quelque transformation qu’ils aient à subir, ces éléments subsisteront toujours, au moins dans leur virtualité, afin d’imprimer sans cesse au monde, par leur contradiction essentielle, le mouvement. Le catholicisme, travaillé depuis tant de siècles par la libre pensée, après s’être tour à tour inspiré du génie romain et de l’esprit féodal, devait se rapprocher, par le développement des idées sociales, de ses origines grecques et philosophiques. La guerre intentée à la