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tence pour accomplir une révolution sociale. L’espoir d’amener pacifiquement, par cette voie, l’abolition du prolétariat est une utopie, et le ministère du progrès une sinécure.

Art. 2. — Pour cela, le ministère du progrès serait chargé : 1o de racheter, au moyen de rentes sur l’État, les chemins de fer et les mines :

La société n’achète rien, ne stipule ni ne paye de rentes. La création d’une dette publique est une erreur d’économie sociale, suggérée par les habitudes de l’économie domestique, et qui a pour corollaire invariable la banqueroute.

2o De transformer la Banque de France en Banque d’État ;

L’État ne fait pas la Banque. La théorie de Law est encore une erreur d’économie sociale, renouvelée de l’économie domestique.

3o De centraliser, au grand avantage de tous et au profit de l’État, les assurances ;

L’État n’est point assureur. L’assurance, au point de vue de la société, est une opération essentiellement mutuelliste, qui exclut toute idée de bénéfice. Supposons que, par une loi d’utilité publique, l’impôt ramené à une forme unique soit converti en une prime d’assurance établie par l’État sur le capital net de chaque contribuable, l’assurance, dans ce cas, ne serait plus une opération de commerce bénéficiaire, mais un acte de mutualité, dont l’effet serait précisément d’annuler l’intérêt des capitaux, les profits usuraires du commerce, et par conséquent, qui ne laisserait à l’État aucune espèce de bénéfice.

4o D’établir, sous la direction de fonctionnaires responsables, de vastes entrepôts, où producteurs et manufacturiers seraient admis à déposer leur marchandises et leurs denrées, lesquelles seraient représentées par des récépissés ayant une valeur négociable, et pouvant faire office de papier-monnaie parfaitement garanti, puisqu’il aurait pour gage une marchandise déterminée et expertisée.

L’État ne fait point le commerce d’entrepôt. Les mar-