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religieuse : c’est ainsi du moins que l’avaient conçue les fondateurs.

Au reste, pour faire ressortir la pensée révolutionnaire qui avait présidé à la fondation de la Banque du peuple, je ne saurais mieux faire, après en avoir rappelé le principe, que de le comparer avec la formule du Luxembourg, rapportée par Louis Blanc.


I.


Le point de départ de la Banque du peuple, le but qu’elle poursuivait, était donc la liberté. C’est par un plus grand développement de la liberté individuelle qu’elle aspirait à fonder la liberté collective, la société à la fois divergente et convergente, la vraie solidarité des intelligences. C’est par la liberté qu’elle aspirait à réaliser la devise républicaine : Liberté, Égalité, Fraternité.

Qu’est-ce d’abord que la liberté ?

La liberté est de deux sortes : simple, c’est celle du barbare, du civilisé même, tant qu’il ne reconnaît d’autre loi que celle du Chacun chez soi, chacun pour soi ; — composée, lorsqu’elle suppose, pour son existence, le concours de deux ou plusieurs libertés.

Au point de vue barbare, liberté est synonyme d’isolement : celui-là est le plus libre dont l’action est la moins limitée par celle des autres ; l’existence d’un seul individu sur toute la face du globe donnerait ainsi l’idée de la plus haute liberté possible. — Au point de vue social, liberté et solidarité sont termes identiques : la liberté de chacun rencontrant dans la liberté d’autrui, non plus une limite, comme le dit la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen de 1793, mais un auxiliaire, l’homme le plus libre est celui qui a le plus de relations avec ses semblables.

Ces deux manières de concevoir la liberté s’excluant l’une l’autre, il en résulte que la liberté du sauvage ne peut pas