Page:Proudhon - Les Confessions d'un révolutionnaire.djvu/231

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

plus former, ainsi que l’armée, la douane, la régie, etc., une corporation à part, entièrement placée sous la main de l’État, ayant sa hiérarchie, ses privilèges, son ministère, le tout afin que l’État puisse trafiquer de mines, de canaux, de chemins de fer, jouer à la Bourse, spéculer sur les actions, passer à des compagnies d’amis des baux de quatre-vingt-dix-neuf ans, adjuger les travaux de routes, ponts, ports, digues, percements, creusements, écluses, dragages, etc., etc., à une légion d’entrepreneurs, spéculateurs, agioteurs, corrupteurs et concussionnaires, vivant de la fortune publique, de l’exploitation des artisans et manouvriers, et des sottises de l’État ?

Ne vous semble-t-il pas que l’instruction publique serait aussi bien universalisée, administrée, régentée ; les instituteurs, professeurs, recteurs et inspecteurs aussi bien choisis ; le système des études aussi parfaitement en rapport avec les intérêts et les mœurs, si les conseils municipaux et généraux étaient appelés à conférer l’institution aux maîtres, tandis que l’Université n’aurait à leur délivrer que des diplômes ; si, dans l’instruction publique comme dans la carrière militaire, les états de service dans les grades inférieurs étaient exigés pour la promotion aux supérieurs ; si tout grand dignitaire de l’Université avait dû passer par les fonctions d’instituteur primaire et de maître d’étude ? Croyez-vous que ce régime, parfaitement démocratique, ferait tort à la discipline des écoles, à la moralité de l’éducation, à la dignité de l’enseignement, à la sécurité des familles ?

Et, puisque le nerf de toute administration est l’argent, que le budget est fait pour le pays, non le pays pour le budget ; que l’impôt doit être voté librement, chaque année, par les représentants du peuple ; que c’est là le droit primitif, inaliénable de la nation, aussi bien sous la monarchie que sous la République ; puisque les dépenses comme les recettes doivent être consenties par le pays avant d’être or-