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Comment est-ce que l’homme possède ? Comment s’acquiert la propriété ? Comment se perd-elle ? Quelle est la loi de son évolution et de sa transformation ? Où va-t-elle ? Que veut-elle ? Que représente-t-elle, enfin ? Car il appert suffisamment, par le mélange indissoluble de biens et de maux qui l’accompagnent, par l’arbitraire qui fait son essence (jus utendi et abutendi) et qui est la condition sine quâ non de son intégralité, qu’elle n’est encore, de même que la Religion et le Gouvernement, qu’une hypothèse, ou mieux, une hypotypose de la Société, c’est-à-dire une représentation allégorique d’une conception de notre intelligence.

Comment, ensuite, est-ce que l’homme travaille ? Comment s’établit la comparaison des produits ? Comment s’opère la circulation dans la société ? À quelles conditions ? Suivant quelles lois ?

Et la conclusion de toute cette monographie de la propriété a été celle-ci :

La propriété indique fonction ou attribution ; la communauté, réciprocité d’action : l’usure, toujours décroissante, identité du travail et du capital.

Pour opérer le dégagement et la réalisation de tous ces termes, jusqu’à présent enveloppés sous les vieux symboles propriétaires, que faut-il ? Que les travailleurs se garantissent les uns aux autres le travail et le débouché ; à cette fin, qu’ils acceptent, comme monnaie, leurs obligations réciproques.

Eh bien ! nous disons aujourd’hui :

La liberté politique résultera pour nous, comme la liberté industrielle, de notre mutuelle garantie. C’est en nous garantissant les uns aux autres la liberté, que nous nous passerons de ce gouvernement, dont la destination est de symboliser la devise républicaine : Liberté, Égalité, Fraternité, laissant à notre intelligence le soin d’en trouver