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chose que son propre idéal, ne pourrions-nous chercher encore ce qu’elle veut sous l’allégorie de ses mythes politiques ? Car enfin, les institutions politiques, si différentes, si contradictoires, n’existent ni par elles-mêmes, ni pour elles-mêmes ; ainsi que les cultes, elles ne sont point essentielles à la société, ce sont des formules ou combinaisons hypothétiques, au moyen desquelles la civilisation se maintient dans une apparence d’ordre, ou pour mieux dire, cherche l’ordre. Quel est donc, encore une fois, le sens caché de ces institutions, le but réel où vient s’évanouir le concept politique, la notion du gouvernement ?

En deux mots, au lieu de voir dans le gouvernement, avec les absolutistes, l’organe et l’expression de la société ; avec les doctrinaires, un instrument d’ordre, ou plutôt de police ; avec les radicaux, un moyen de Révolution : essayons d’y voir simplement un phénomène de la vie collective, la représentation externe de notre droit, l’éducation de quelqu’une de nos facultés. Qui sait si nous ne découvrirons point alors que toutes ces formules gouvernementales, pour lesquelles les Peuples et les citoyens s’entre-égorgent depuis soixante siècles, ne sont qu’une fantasmagorie de notre esprit, que le premier devoir d’une raison libre est de renvoyer aux musées et aux bibliothèques ?

Telle est la question posée et résolue dans les Confessions d’un Révolutionnaire, et dont la Voix du Peuple se propose, à l’aide des faits que lui fournissent et le pouvoir et les partis qui se le disputent, de donner jour par jour le commentaire.


De même que la Religion, le Gouvernement est une manifestation de la spontanéité sociale, une préparation de l’Humanité à un état supérieur.

Ce que l’Humanité cherche dans la Religion et qu’elle appelle Dieu, c’est elle-même.