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industriels, ouvriers, etc., sans exception, il s’ensuit :

1o Que, par la généralité du crédit donné et reçu, il s’établit pour tout le monde une compensation, et que chacun contribuant au sacrifice, personne ne perd rien ;

2o Qu’au contraire, plus le crédit augmente, en d’autres termes, plus le loyer ou salaire, tant des capitalistes, propriétaires et entrepreneurs que des ouvriers, diminue, plus la société, et par suite l’individu, s’enrichit. — Baisse de salaire pour une même quantité de travail, ou augmentation de travail pour un même salaire, c’est même chose. Or, le chiffre du salaire étant l’expression du dividende revenant à chaque citoyen sur la totalité des produits, et cette totalité, comme on vient de dire, étant accrue, il en résulte que baisse générale des salaires équivaut pour chacun et pour tous à augmentation de richesse.

En deux mots, voulez-vous qu’à un jour marqué, à un signal donné, la nation tout entière, obéissante comme un bataillon à la voix de son commandant, produise plus, et par conséquent consomme davantage, ou produise moins, et conséquemment consomme moins ? Il n’est pouvoir, dictature, ni dévouement qui puisse opérer un tel prodige. Le seul moyen, l’unique, mais infaillible, c’est d’augmenter ou de diminuer le prix de tous les produits et services.

Ajoutons que le système proposé exigeant le concours et la participation de tous, implique par cela même conciliation générale. Les citoyens apprennent à agir collectivement, non à se faire la loi et à s’exploiter. Les haines de classe s’éteignent dans cette initiative des masses, au lieu de s’exalter par la dispute du pouvoir. On désapprend la tyrannie ; on se fortifie, par une transaction féconde, dans la liberté.

Tels étaient les principes sur lesquels la proposition que j’avais à développer était conçue. Quant aux détails et à l’application, on pouvait à volonté les modifier à la conve-