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soulèvent dans l’Assemblée nationale une opposition violente. Depuis le 15 mai, des passions hostiles commencent à se faire jour : il ne faut pas leur donner un prétexte d’éclater. Ainsi, quand l’audace pouvait seule la sauver, la Commission exécutive s’abandonnait à la peur : l’heure de sa retraite avait sonné.

Arrêté dès le début dans la voie de réforme à la fois prudente et radicale où il s’engageait, le ministre ne se rebute pas. Il cherche au moins à extirper les abus les plus criants parmi ceux que la Commission lui a signalés ; mais il ne reçoit du jeune directeur qui avait présidé dès l’origine à la création des ateliers nationaux que des promesses non suivies d’effet. On eût dit qu’un fatal génie s’acharnait à aggraver le mal, en même temps qu’il en empêchait le remède. Quelques jours se perdent ainsi en efforts inutiles. Trélat veut vaincre l’inertie qu’il rencontre, donner plus d’autorité à ses ordres, s’entourer de plus de lumières ; dans ce but, il reconstitue la Commission et y fait entrer les administrateurs expérimentés qui représentent divers départements ministériels. Cette Commission se réunit le 26 mai, sous la présidence du ministre ; elle appelle le directeur, et reconnaît bientôt qu’elle n’a rien à attendre de lui. Il est remplacé le jour même.

De ce moment, la Commission des ateliers nationaux s’établit en permanence ; elle reprend une à une, modifie, étend ou restreint les propositions qui faisaient l’objet du premier rapport. D’abord elle s’occupe de la réforme des abus ; elle réduit les bureaux qui avaient pris un développement excessif ; remplace le travail à la journée par le travail à la tâche ; organise, avec le concours des autorités municipales, un contrôle, et du premier coup reconnaît que sur 120,000 noms inscrits, 25,000 doivent être rayés pour double ou triple emploi. Mais toutes ces mesures sont de pure répression ; il ne s’agit pas de réduire peu à peu les