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de ses hallucinations poétiques, a dit, en pleine Assemblée nationale, qu’il s’était une fois approché de Blanqui, comme le paratonnerre s’approche du nuage pour soutirer le fluide exterminateur. À force de rêver d’ogres et de géants, M. de Lamartine a fini par se prendre pour le petit Poucet. Mais ce n’est pas tout à fait sa faute si notre histoire, depuis février, ressemble à un conte des fées. Quand cesserons-nous de jouer au trône et à la révolution ? Quand serons-nous véritablement hommes et citoyens ?


X.


23 — 26 JUIN :


RÉACTION CAVAIGNAC.


Si pourtant, persistez-vous à me dire, le Gouvernement provisoire avait été composé d’éléments plus homogènes, d’hommes plus énergiques ; si Barbès et Blanqui, au lieu de se faire opposition, avaient pu s’entendre ; si les élections avaient eu lieu un mois plus tôt ; si les socialistes avaient dissimulé quelque temps leurs théories ; si…… si…… si….., etc. : avouez que les choses se fussent passées d’une toute autre manière. Le Gouvernement provisoire aurait achevé en quinze jours la Révolution ; l’Assemblée nationale, toute formée de républicains, aurait combiné, développé son œuvre, nous n’aurions eu ni 17 mars, ni 16 avril, ni 15 mai ; et vous, historien subtil, vous en seriez pour votre théorie de l’impuissance du pouvoir, et de l’incapacité révolutionnaire du gouvernement.

Raisonnons donc ; et, puisque les faits abondent, citons des faits. Le 17 mars, le 16 avril, le 15 mai ne vous ont pas convaincus : je vais vous raconter une histoire qui vous donnera à réfléchir. Mais auparavant sachons un peu ce que c’est que l’histoire.