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d’Éponine le pardon de Sabinus ; ni Nerva, qui avait conspiré contre Donatien ; ni Pertinax, qui tua Commode ; ni Septime-Sévère, qui fit décapiter Didius-Julianus, le dernier et plus offrant enchérisseur du césarisme ; ni Aurélien, qui traîna à son char l’immortelle Zénobie : aucun de ces empereurs ne se crut obligé de modifier le statut impérial, statut révolutionnaire alors, parce que l’ayant repris de mains rivales, quelquefois indignes, il se serait cru déshonoré en le suivant. Brutus, il est vrai, après avoir expulsé les Tarquins, abolit le titre de roi et proclama la république. C’est que les Tarquins, affectant les airs des tyrans grecs, manquaient à leur mission modératrice, qui était de procurer, par le patronage des patriciens, l’émancipation de la plèbe.

Que parlez-vous donc de plagiat et de remorque, comme s’il s’agissait des individus, non de la destinée ? Laissez les hommes, puisque la défaite et leur propre dignité ne leur permettent pas d'être à vous. Entre Esaü et Jacob, le supplanté et le supplanteur, il peut y avoir paix, jamais amitié ni oubli. Pour des gens de cœur, il est des griefs qui ne se peuvent effacer. Je veux bien, acquittant le tribut de mes opinions à ma patrie, contribuer peut-être à éclairer un pouvoir que j’ai dû cesser de combattre ; je ne le servirai pas. Mais précisément parce qu’Esaü a perdu son droit d’aînesse, il faut que Jacob soit chef du peuple de bien : sinon Esaü, dit Édom, le Rouge, revendiquera l'héritage, et châtiera son cadet suborneur et infidèle.

Ne rusez point avec la révolution ; n’essayez pas de la faire tourner a vos fins particulières, l’oppo-