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gémonies de l’opinion ces gentillâtres littéraires, dont le souffle vénal, pestilentiel, enfle la voile de toute tyrannie ; qu’il livre aux francs-juges de la démocratie la plus pourpre tous ces renégats, dramaturges de cour, pamphlétaires de police, marchands de consultations anonymes, moutons de prisons et de cabarets, qui après avoir mangé le pain sec du socialisme, lèchent les plats gras de l’Elysée...

Quoi donc ! parce que la démocratie a combattu la candidature de Louis Bonaparte au 10 décembre, j’y étais ; parce qu’elle l’a fait reculer le 29 janvier, j’y étais ; parce qu’elle s’est insurgée contre lui le 13 juin, sans la prison j’y aurais été ; parce qu’elle l’a vaincu dans les élections de 1850, du fond de la Conciergerie j’y étais encore ; parce qu’elle s’est levée contre lui le 2 décembre, je ne puis plus dire que j’y étais !... Louis-Napoléon se croirait obligé, par esprit de concurrence, de donner à sa politique une signification personnelle ! Il aurait peur de paraître éclipsé, si l’on disait de lui qu’après avoir terrassé la république sociale, il lui a pris ses idées, et s’est mis à sa remorque !

L’Empereur céda jadis à ce puéril amour-propre. Il voulut être autre chose que la république, faire plus que la république, penser mieux que la république. Il arriva, en fin de compte, qu’avec tous ses titres, ses couronnes, ses trophées, il ne fut rien, ne fit rien, seul ne pensa jamais rien : il resta Napoléon. Allons-nous recommencer ce concert à un seule partie du grand maestro ?

Ni Galba, qui remplaça Néron, tant regretté du peuple ; ni Vespasien, qui refusa aux larmes