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1° D’achever l’œuvre monarchique, suivie depuis Hugues Capet jusqu’en 1614 avec autant d’intelligence que le comportait l’état des esprits, détournée après la dernière convocation des états-généraux au profit du despotisme, par Richelieu, Mazarin et Louis XIV ;

2° De développer l’esprit philosophique dont le dix-huitième siècle avait donné le signal, et que Condorcet avait formulé d’un seul mot, le progrès ;

3° D’introduire dans le gouvernement des nations l’idée économique, appelée à éliminer peu à peu celle d’autorité, et à régner seule, comme une religion nouvelle, sur les peuples.

Napoléon n’était pas à cette hauteur : ni homme d’état, ni penseur, ni économiste, soldat et rien que soldat, il y en avait trois fois plus qu’il n’en pouvait porter. Tout en lui se soulevait contre de pareilles données. La tradition historique, il la niait, la cherchant où elle n’était pas. Rival de César, d’Annibal et d’Alexandre, dans les batailles, il copie dans la politique Charlemagne. 11 se compose un empire taillé sur le même patron que celui du chef franc, s’étendant a la fois sur la Gaule, l’Espagne, l'Helvétie, la Lombardie, l’Allemagne. Il ne sait point que depuis le traité de Westphalie le droit public de l’Europe a pour base indestructible l’équilibre des états et l’indépendance des nationalités. Quant à la philosophie, à l'économie, au gouvernement représentatif, transition obligée à la démocratie industrielle, il les repousse également. Les idéologues lui sont aussi suspects que les avocats, et ne jouissent d’aucune considération sons son règne ; les économistes, il