Page:Proudhon - La Pornocratie, ou les Femmes dans les temps modernes.djvu/86

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

subalternisée ; la justice réduite à une idée pure ; l’amour, synonyme de volupté, une simple jouissance. Alors éclaterait, avec une violence indomptable, la contradiction entre l’individu et la société : ce même sujet, qu’on se flattait d’enchaîner à l’ordre public par la communauté d’amours, de femmes, d’enfants, de familles, de ménages, répugnerait d’autant plus au communisme social qu’on l’aurait plus complètement affranchi. Il est possible que l’on ne se battît pas pour les femmes, puisque, d’après l’hypothèse, et eu égard à la constitution physique et morale de l’individu, il n’y aurait pas de jalousie; mais la compétition serait d’autant plus ardente pour le butin, la richesse, le confort et le luxe, toutes choses dont la production resterait soumise aux mêmes lois, et, dans une société livrée à l’amour et à l’idéal, serait encore plus insuffisante qu’aujourd’hui. Établissez, avec la communauté des amours, l’universalité du célibat, et, je ne crains pas de le dire, vous aurez un surcroît de consommation, moins de travail, moins d’épargne, partant plus de misère ; en dernière analyse, à la place d’une société policée, une société vouée au brigandage ou, sinon, à la plus dégradante servitude. Ce résultat, pour tout homme qui a ré-