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DANS LES TEMPS MODERNES.

forme et de la matière, dont le divorce implique destruction de toutes deux. C’est précisément en cela que le mariage diffère de la société civile et commerciale, essentiellement résoluble, et dont l’objet est le gain. La force et la beauté s’unissent à titre gratuit : elles ne se payent pas réciproquement, la première en services, la seconde en faveurs ; il n’y a pas de commensuration possible entre les fruits du travail et les dons de l’idéal. Le mariage, dans la pureté de son idée, est un pacte de dévouement absolu. Le plaisir n’y figure qu’en second ordre : tout échange des richesses que produit l’homme contre les joies que procure la femme, tout commerce de volupté, est concubinat, pour ne pas dire prostitution mutuelle. C’est ainsi que le mariage devient pour les époux un culte de la conscience, et pour la société l’organe même de la justice. Un mariage saint, s’il ne rend pas les époux impeccables, exclut de leur part, vis-à-vis des étrangers, tout crime et félonie ; tandis que le concubinat, soit l’union de l’homme et de la femme, secrète ou solennelle, mais formée seulement en vue du plaisir, bien que dans certains cas excusable, est le repère habituel des parasites, des voleurs, des faussaires et des assassins.