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prêtre un intermédiaire entre la conscience de l’homme et sa liberté ; du juge, un intermédiaire entre les parties ; du banquier, un intermédiaire du commerce ; du prince, un intermédiaire de tous les rapports sociaux et politiques ; le catholicisme n’était jamais allé jusqu’à supposer, dans le mariage, l’existence d’aucun intermédiaire. Le prêtre donnait la bénédiction aux conjoints, mais il leur laissait la liberté de se choisir eux-mêmes ; il ne paraissait point dans l’union. Il en est de même de l’officier municipal chargé du mariage civil : il reçoit la déclaration des époux et l’enregistre, afin que tout le monde sache que tel et telle sont mari et femme.

M. Enfantin n’a pas la même réserve. L’homme et la femme, vous dit-il, sont les deux premiers termes de l’équation. Mais où est la troisième puissance qui les unira ? Cette puissance, c’est encore la société, vous dit-il, c’est-à-dire le prince ou pontife, dépositaire de ses pouvoirs. Non-seulement, donc, cet intermédiaire constate l’union, mais il la forme : c’est lui qui, dans la théorie enfantinienne, juge de l’aptitude des époux, de leur convenance mutuelle ; c’est lui, en un mot, qui distribue aux hommes leurs épouses,