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Notez qu’en rappelant ces faits, je ne mets pas en doute le désintéressement de M. Enfantin : une fois pour toutes, madame, je vous déclare que je tiens les hommes et les femmes pour beaucoup meilleurs qu’ils ne paraissent.

M. Enfantin est fortement convaincu de la nécessité d’un principe d’autorité. Il croit à la prépotence de l’État et à la hiérarchie sociale. Il croit que la puissance sociale, cette puissance synthétique qui fait le fond de sa métaphysique, est antérieure et supérieure aux termes qu’elle unit ; que, par conséquent, cette existence est sacrée, et qu’elle passe avant tout. En conséquence, comme il ne désespère pas de devenir le pontife suprême et de convertir le monde à ses doctrines, il s’est dit que, pour constituer le nouveau sacerdoce, l’argent était indispensable ; qu’avec l’argent viendrait le pouvoir, et il s’est empressé, lui et les siens, de faire fortune. Il y trouvait d’autant moins de scrupules que la manière dont lui et ses amis ont fait fortune était une application de sa métaphysique ; en principe et en pratique, il s’est jugé irréprochable. Oh ! je connais mon père Enfantin ; entre nous, pas de calomnie, pas d’envie, pas d’injure ; seulement, une guerre à mort !