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absolutistes, les autres comme puissances libérales ; qu’une seconde bataille de Novare, perdue par le roi de Piémont, en même temps qu’elle eût servi les intérêts autrichiens, aurait menacé l’Europe révolutionnaire et en premier lieu la France. Or, la France se joignant à l’Italie contre l’Autriche, celle ci abandonnée à elle-même et condamnée par le seul fait de l’attitude impassible de l’Europe, la question s’est trouvée ainsi définitivement jugée et bien jugée par le verdict de la force. Les victoires de Montebello, Palestro, Magenta et Solferino, ont parlé comme la souveraine raison ; elles sont légitimes, valides. Permis à l’empereur François-Joseph d’appeler de sa défaite ; permis à l’empereur Napoléon de se déjuger et de délaisser son allié Victor-Emmanuel. Ce qu’une intrigue diplomatique pourrait produire dans la situation ne saurait infirmer la décision rendue dans la dernière campagne. C’est que l’Italie, dans la pensée incorruptible de la France et de l’Europe, doit être libre, et que toute solution en sens contraire serait une désertion du droit de la force.


Entre le Piémont, foyer de propagande philosophique, et la papauté, puissance religieuse et réfractaire. — L’Église ne tire pas le glaive ; c’est pour elle un article de foi. En raison de ce principe, exclusivement catholique, le jugement par les armes entre le roi Victor-Emmanuel et le Saint-Père devient impossible, sans compter que les sujets du Pape ne se battraient pas contre les Italiens de Victor-Emmanuel. Mais la puissance temporelle du Pape intéresse la catholicité tout entière ; le Pape a reçu de plus la réinvestiture de ses États du traité de Vienne. Il s’agit donc de savoir si les nations catholiques, plus ou moins ralliées aux nouveaux principes, interpréteront le traité de Vienne dans le même sens que le Pape, si elles se réuniront pour le maintien de la papauté contre le vœu formel de l’Italie.