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au livre précédent, qu’une transformation du droit de la force ? Toute la différence est que ce qui, dans la sphère du droit public, se décide par la raison du nombre, se décide, dans la sphère du droit des gens, par la supériorité effective des forces, non-seulement intellectuelles, mais morales et matérielles ; et cette différence n’est certes pas en faveur du droit public.

Voici donc comment, dans cette révolution si compliquée de l’Italie contemporaine, se posent les différents cas de guerre :

Entre le Piémont, foyer révolutionnaire, d’une part, et l’Autriche, puissance conservatrice et absolutiste, d’autre part. — Si le Piémont, état italien, n’avait à faire qu’à une Autriche purement italienne, le résultat de la guerre ne paraîtrait pas douteux. Le pouvoir impérial serait abandonné par une partie de la population qu’il domine, et par cette défection, la supériorité de force passant au foi Victor-Emmanuel, la question serait décidée. Il n’y manquerait que la sanction, inévitable un jour ou l’autre, de la victoire.

Mais l’Autriche n’est pas seulement puissance italienne ; elle est en même temps puissance germanique et slave. Vis-à-vis du Piémont, qu’elle peut écraser, elle a donc l’avantage ; et le jugement de la force, rendu dans ces conditions, serait manifestement contraire à la cause de l’Italie. Que faire alors ? Compenser par une force étrangère la force étrangère appelée par l’Autriche à l’appui de ses possessions italiennes : c’est ce qui est arrivé par l’intervention des Français. Comment s’explique cette intervention ? C’est que le même antagonisme de principes et d’idées qui, depuis 1815, divise l’Italie, divise également l’Europe ; que par conséquent toutes les puissances se trouvent intéressées à la lutte, les unes comme puissances