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qu’on ne peut guère donner au droit international sanctionnateur le nom de droit, dans l’exacte précision des termes : « la notion exacte du nom de droit renfermant toujours l’idée d’une puissance suprême, qui puisse contraindre les hommes à s’y soumettre[1]. »

Bref, le droit des gens, dans la foi duquel les nations ont vécu, ce droit souverain est une fable : c’est la jurisprudence classique, la science officielle, constituée, qui le déclare. Tout ce qui existe, en fait de royaumes, empires, républiques, tout ce système d’états plus ou moins indépendants les uns des autres, de souverainetés mutuellement reconnues, mais non garanties, est le produit du hasard, de la violence et de la perfidie, œuvre inintelligible de la fatalité et de l’arbitraire, que l’arbitraire et la fatalité peuvent détruire demain.

Aussi, voyez les conséquences se produire, et le chaos juridique préparer peu à peu le chaos social.

Puisque, comme le dit l’honorable professeur que je viens de citer, la notion exacte du droit renferme toujours l’idée d’une puissance suprême qui contraigne les hommes à s’y soumettre ; que, comme le dit Ancillon, l’autorité est la source unique d’où découle le droit ; et puisque l’absence d’un droit international tient à ce que l’humanité est divisée en souverainetés indépendantes, qui ne reconnaissent pas de juge suprême, il s’ensuit que la première chose à faire est de ramener tous les états à l’unité, et de vaincre ces vieux préjugés de nationalité et de patrie qui s’opposent à la réalisation du droit. C’est ce que dit le savant M. Oudot :

« Ce fractionnement des hommes en nations ou sociétés

  1. Oudot, Conscience et science du droit, t. II, passim.