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LIVRE DEUXIÈME


DE LA NATURE DE LA GUERRE ET DU DROIT DE LA FORCE.


Dulce et decorum est pro patriâ mori.
Horace


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SOMMAIRE.


Le consentement universel affirme l’existence d’un Droit positif de la guerre, l’analogue, le corrélatif, l’équivalent du droit des gens, du droit politique, du droit civil, en un mot de toute espèce de droit. L’opinion des juristes, au contraire, est, à l’unanimité, que le droit de la guerre n’a rien de réel ; que c’est improprement qu’on appelle de ce nom les semblants de règles observés à la guerre ; que la force est incapable par elle-même de créer le droit, comme de rendre un jugement ; enfin, que cette expression, droit de la guerre, doit être regardée comme un euphémisme, une fiction. Trouble jeté dans les idées par cette déclaration des juristes. Le droit de la guerre nié, le droit des gens n’a plus ni principe ni sanction ; avec celui-ci, s’écroulent à leur tour le droit public et le droit civil ; l’esprit de révolte envahit la conscience universelle, et la société passe de l’état de guerre à l’état de brigandage. Théories de Grotius, Wolf, Vattel, Kant, Hegel, Hobbes. — Qui s’est trompé, de la spontanéité du genre hu-