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tement réciproque des parties, abstraction faite du voiturage et des distances, n’est pas seulement une transposition ou substitution, c’est aussi une création.

Le commerce donc étant par lui-même producteur d’utilité, les hommes dans tous les temps s’y sont livrés avec ardeur : pas n’eut besoin le législateur d’en prêcher le mérite et d’en recommander la pratique. Supposons, ce qui n’est pas absolument absurde, que le commerce n’existât point ; qu’avec nos immenses moyens d’exécution industrielle, nous n’eussions aucune idée de l’échange : on conçoit qu’alors celui qui viendrait apprendre aux hommes à permuter leurs produits et commercer entre eux, leur rendrait un service immense. L’histoire de l’humanité ne fait mention d’aucun révolutionnaire qui pût être comparé à celui-là. Les hommes divins qui jadis inventèrent la charrue, la vigne, le blé, n’eussent été rien auprès de celui qui, en ce moment, inventerait le commerce.

Autre exemple.

L’union des forces, qu’il ne faut pas confondre avec l’association, ainsi que nous le montrerons tout à l’heure, est également, comme le travail et l’échange, productive de richesse. C’est une puissance économique dont j’ai, je crois, le premier fait ressortir l’importance, dans mon premier mémoire sur la Propriété. Cent hommes, unissant ou combinant leurs efforts, produisent, en certains cas, non pas cent fois comme un, mais deux cents fois, trois cents fois, mille fois. C’est ce que j’ai nommé force collective. J’ai même tiré de ce fait un argument, resté comme tant d’autres sans réponse, contre certains cas d’appropriation : c’est qu’il ne suffit plus alors de payer simplement le salaire à un nombre donné d’ouvriers pour acquérir lé-