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rien, enfin, qui, à l’exemple de la division du travail, de la concurrence, etc., rende le travailleur plus expéditif et plus fort, diminue les frais de production, tire d’éléments moindres une valeur plus considérable, ou qui, à l’exemple de la hiérarchie administrative, offre une velléité d’harmonie et d’ordre.

Pour justifier cette proposition, j’ai besoin de citer d’abord quelques faits, à titre d’exemples. Je prouverai ensuite, d’une part, que l’Association n’est point une force industrielle ; en second lieu, et comme corollaire, qu’elle n’est point un principe d’ordre.

J’ai prouvé quelque part, dans les Confessions d’un révolutionnaire, que le commerce, indépendamment du service rendu par le fait matériel du transport, est par lui-même une excitation directe à la consommation, partant une cause de production, un principe de création des valeurs. Cela peut sembler au premier abord paradoxal, mais cela est démontré par l’analyse économique : l’acte métaphysique de l’échange, aussi bien que le travail, mais d’une autre manière que le travail, est producteur de réalité et de richesse. Au reste, cette assertion n’aura plus rien qui étonne, si l’on réfléchit que production ou création ne signifie que changement de formes, et qu’en conséquence les forces créatrices, le travail lui-même, sont immatérielles. Aussi c’est à juste titre que le commerçant, enrichi par des spéculations réelles, dépouillées de tout agiotage, jouit de sa fortune acquise : cette fortune est aussi légitime que celle que le travail a produite. Et l’antiquité païenne, de même que l’Église, a flétri injustement le commerce, sous prétexte que ses bénéfices n’étaient pas la rémunération d’un service positif. L’échange, encore une fois, cette opération purement morale, qui s’accomplit par le consen-