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Non.

L’Association est-elle seulement une force ?

Non.

Qu’est-ce donc que l’Association ?

Un dogme.

L’Association est si bien, aux yeux de ceux qui la proposent comme expédient révolutionnaire, un dogme, quelque chose d’arrêté, de complet, d’absolu, d’immuable, que tous ceux qui ont donné dans cette utopie ont abouti, sans exception, à un système. En faisant rayonner une idée fixe sur les diverses parties du corps social, ils devaient arriver, et ils sont arrivés en effet, à reconstruire la société sur un plan imaginaire, à peu près comme cet astronome qui, par respect pour ses calculs, refaisait le système du monde.

Ainsi l’école saint simonienne, dépassant la donnée de son fondateur, a produit un système ; Fourier, un système ; Owen, un système ; Cabet, un système ; Pierre Leroux, un système ; Louis Blanc, un système : comme Babœuf, Morelly, Thomas Morus, Campanella, Platon, et autres, leurs devanciers, partis chacun d’un principe unique, avaient enfanté des systèmes. Et tous ces systèmes, exclusifs les uns des autres, le sont également du progrès. Périsse l’humanité plutôt que le principe ! c’est la devise des utopistes comme des fanatiques de tous les siècles.

Le socialisme, interprété de la sorte, est devenu une religion, qui aurait pu, il y a cinq ou six cents ans, passer pour un progrès sur le catholicisme, mais qui au dix-neuvième siècle est ce qu’il y a de moins révolutionnaire.

Non, l’Association n’est point un principe directeur, pas plus qu’une force industrielle ; l’Association, par elle-même, n’a aucune vertu organique ou productrice,