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vous, pour sauvegarder vos intérêts, ou de me payer 160 millions, ou de les recevoir ? Pensez-vous que les industriels choisissent le premier parti ? c’est justement celui que le Gouvernement leur impose. Aux frais ordinaires que nous coûtent les produits de l’étranger et ceux que nous lui faisons parvenir, l’État ajoute 160 millions, qui lui servent, à lui, de pot-de-vin : voilà ce que c’est que la douane. Et la question est aujourd’hui si fort embrouillée, qu’il n’y a personne, dans toute la République, qui osât proposer d’abolir d’un seul coup ce tribut absurde.

Eh bien ! cette somme de 160 millions, soi-disant perçue pour la protection du travail national, est loin encore d’exprimer tout l’avantage que le Gouvernement tire de la douane.

Le département du Var est peu riche en bestiaux ; il manque de viande, et ne demanderait pas mieux que de faire venir des bœufs de Piémont, pays frontière. Le gouvernement, protecteur de l’élève national, ne le permet pas. Qu’est-ce que cela signifie ? Que les maquignons de la Camargue ont plus de crédit auprès du ministère que les consommateurs du Var : n’y cherchez pas d’autre cause.

L’histoire du département du Var est celle des quatre-vingt-cinq autres. Tous ont des intérêts spéciaux, par conséquent antagonistes, et qui cherchent un arbitre. Ce sont ces intérêts, bien plus que l’armée, qui font la force du Gouvernement. Aussi, voyez : le Gouvernement s’est fait concesseur de mines, de canaux, de chemins de fer, de la même manière que la cour, avant 89, vendait les brevets de colonels, les capitaineries et les bénéfices. Je veux croire que tous les personnages qui ont passé aux affaires depuis 1830 sont restés purs, un seul excepté ; mais n’est-il pas