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aux institutions, compromet et menace dans son existence ce qu’ils considèrent comme leur héritage.

Est-ce la faute, s’écrient-ils, de nos institutions représentatives ? est-ce la faute du principe constitutionnel, ou celle de ministres incapables, corrompus, dilapidateurs, si une partie de ces milliards, enlevés au prix de tant de sacrifices à la propriété, à l’agriculture, à l’industrie, n’ont servi qu’à entretenir des sinécures et solder des consciences ? est-ce la faute de cette magnifique centralisation, si l’impôt, devenu exorbitant, pèse plus lourdement sur l’ouvrier que sur le propriétaire ; si, avec une subvention annuelle de 420 millions, nos ports se trouvent dégarnis de navires, nos chantiers de matériaux ; si, en 1848, après la révolution de février, l’armée était sans approvisionnements, la cavalerie sans chevaux, les places de guerre en mauvais état ; si nous ne pouvions mettre sur pied de guerre plus de soixante mille hommes ? N’est-ce pas le cas, au contraire, d’accuser la volonté, non le système ? Et dès lors, que deviennent vos déclamations sur la tendance de la société et du gouvernement ?

À merveille. Aux vices intrinsèques, aux inclinations féodales de l’ordre politique, nous allons ajouter la corruption. Ceci, loin d’affaiblir mon raisonnement, le corrobore. La corruption s’allie fort bien avec la tendance générale du Pouvoir ; elle fait partie de ses moyens, elle est un de ses éléments.

Que veut le système ?

Maintenir avant tout la féodalité capitaliste dans la jouissance de ses droits ; assurer, augmenter la prépondérance du capital sur le travail ; renforcer, s’il est possible, la classe parasite, en lui ménageant partout, à l’aide des fonctions publiques, des créatures,