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magistrat serait peut-être simplement de détromper la multitude, qu’on a vue parfois s’émouvoir sans raison, comme l’écho à la voix de celui qui l’appelle.

En deux mots, le casus révolutionnaire est-il posé, en ce moment, par la nature des choses, l’enchaînement des faits, le jeu des institutions, le progrès des besoins et des idées, l’ordre de la Providence ?

Cela doit pouvoir se juger d’un coup d’œil. S’il y fallait une longue philosophie, des dissertations de bénédictin, la cause pourrait exister, mais seulement en germe, en possibilité d’être. Argumenter d’une pareille cause serait faire de la prophétie, non de la pratique et de l’histoire.

Je prendrai, pour résoudre cette question, une règle aussi simple que décisive, que me fournit la pratique des révolutions. C’est que les révolutions ont pour motif, non pas tant le mal-être que ressent à un moment donné la société, que la continuité de ce mal-être, laquelle tend à faire disparaître et à neutraliser le bien.

En sorte que le procès qu’instruit une révolution, le jugement que plus tard elle exécute, s’adresse moins aux faits qu’aux tendances : comme si la société, s’inquiétant peu des principes, se dirigeait surtout par des fins…..

En général, le bien et le mal, le plaisir et la douleur, sont indissolublement mêlés dans la destinée humaine. Toutefois, à travers des oscillations continuelles, le bien semble l’emporter sur le mal, et somme toute, à notre jugement, il y a progrès marqué vers le mieux.

La raison des masses est constituée d’après cette donnée. Ni optimiste, ni pessimiste, le peuple n’admet d’absolu nulle part. Comme il croit qu’il reste