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Promets-tu de ne t’approprier jamais, ni par violence, ni par fraude, ni par usure, ni par agiotage, le produit ou la possession d’autrui ?

Promets-tu de ne mentir et tromper jamais, ni en justice, ni dans le commerce, ni dans aucune de tes transactions ?

Tu es libre d’accepter, comme de refuser.

Si tu refuses, tu fais partie de la société des sauvages. Sorti de la communion du genre humain, tu deviens suspect. Rien ne te protége. À la moindre insulte, le premier venu peut te frapper, sans encourir d’autre accusation que celle de sévices inutilement exercés contre une brute.

Si tu jures le pacte, au contraire, tu fais partie de la société des hommes libres. Tous tes frères s’engagent avec toi, te promettent fidélité, amitié, secours, service, échange. En cas d’infraction, de leur part ou de la tienne, par négligence, emportement, mauvais vouloir, vous êtes responsables les uns envers les autres du dommage ainsi que du scandale et de l’insécurité dont vous aurez été cause : cette responsabilité peut aller, suivant la gravité du parjure ou la récidive, jusqu’à l’excommunication et à la mort.

La loi est claire, la sanction encore plus. Trois articles, qui n’en font qu’un, voilà tout le contrat social. Au lieu de prêter serment à Dieu et à son prince, le citoyen jure sur sa conscience, devant ses frères et devant l’Humanité. Entre ces deux serments il y a la même différence qu’entre la servitude et la liberté, la foi et la science, les tribunaux et la justice, l’usure et le travail, le gouvernement et l’économie, le néant et l’être, Dieu et l’Homme.

Rappellerai-je, maintenant, que tous les éléments