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rien su, rien imaginé au delà. Enfin ce cercle a été parcouru ; l’agitation des systèmes qu’il suggérait l’a épuisé ; la philosophie, l’histoire, l’économie politique, ont achevé la triangulation de ce monde intérieur ; la carte en a été dressée : et l’on a su que cet ordre surnaturel que l’humanité contemple comme son orient et sa fin, n’est autre qu’elle-même ; qu’aussi loin qu’elle puisse regarder dans les profondeurs de sa conscience, elle n’aperçoit que sa tête ; que ce Dieu, source de tout pouvoir, foyer de toute causalité, dont elle fait son soleil, est une lampe dans une catacombe, et tous ces gouvernements faits à son image, dont nous admirons la savante organisation, des grains de sable qui en reflètent la sombre clarté.

Ces religions, ces législations, ces empires, ces Gouvernements, cette sagesse des États, cette vertu des Pontifes, tout cela n’est que songe et mensonge, un cercle d’hypothèses qui toutes rentrent l’une dans l’autre et convergent vers un même point central, lui- même dépourvu de réalité. Il faut crever cette enveloppe, si nous voulons arriver à une notion plus exacte des choses et sortir de cet enfer, où la raison de l’homme, crétinisée, finirait par s’éteindre.

Eh bien ! nous le savons aujourd’hui. Ce vieux monde intellectuel, qui depuis tant de siècles épuise la spéculation humaine, n’est qu’une face de celui qu’il nous est donné de parcourir. La sonde philosophique l’a traversé de part en part : nous voilà libres tout à l’heure, émancipés de notre coque embryonnaire. Nous allons contempler de nouveaux cieux, regarder cette fois, face à face et dans son essence, l’infini, Sicuti est facie ad faciem !

La société retournée du dedans au dehors, tous les