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par l’identité du langage, la ressemblance des mœurs, l’analogie des fonctions, les circonstances territoriales. Dans des conditions pareilles, la conquête est un non-sens : Constantinople serait à la Russie, que la Russie une fois révolutionnée, Constantinople s’appartiendrait ni plus ni moins que si elle n’avait jamais perdu sa souveraineté. La question d’Orient, du côté du Nord, cesse d’exister.

L’Angleterre voudrait tenir l’Égypte, comme elle tient Malte, Corfou, Gibraltar, etc. Même réponse de la Révolution. Elle signifie à l’Angleterre de s’abstenir de toute tentative sur l’Égypte, de mettre un terme à ses empiétements et à son monopole ; et pour sûreté, elle l’invite à évacuer les îles et forteresses d’où elle menace la liberté des nations et des mers. Ce serait, en vérité, se méprendre étrangement sur le caractère et la portée de la Révolution, que de s’imaginer qu’elle laisse aux Anglais la propriété exclusive de l’Australie et de l’Inde, ainsi que les bastions dont elle entoure le commerce du continent. La présence seule des Anglais à Jersey et Guernesey est une insulte à la France ; comme leur exploitation de l’Irlande et du Portugal est une insulte à l’Europe ; comme leur possession de l’Inde et leur commerce de la Chine est un outrage à l’Humanité. Il faut que l’Albion, comme tout le reste, se révolutionne ; fallût-il l’y contraindre, nous avons ici des gens qui ne trouveraient pas la chose si difficile. Or, la Révolution faite à Londres, le privilége britannique extirpé, brûlé, ses cendres jetées au vent, que signifie pour l’Angleterre la possession de l’Égypte ? ni plus ni moins que pour nous la possession d’Alger. Tout le monde pouvant entrer, sortir, commercer à volonté, former des exploitations agricoles, minérales, industrielles, l’avantage est le