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L’exploitation capitaliste et propriétaire partout arrêtée, le salariat aboli, l’échange égal et véridique garanti, la valeur constituée, le bon marché assuré, le principe de la protection changé, le marché du globe ouvert aux producteurs de tous les pays : conséquemment les barrières abattues, l’antique droit des gens remplacé par les conventions commerciales ; la police, la justice, l’administration, remises partout aux mains des industriels ; l’organisation économique remplaçant le régime gouvernemental et militaire dans les possessions coloniales comme dans les métropoles ; enfin, la compénétration libre et universelle des races sous la loi unique du contrat : voilà la Révolution.

Se peut-il que dans cet état de choses, où tous les intérêts agricoles, financiers et industriels sont identiques et solidaires ; où le protectorat gouvernemental n’a plus rien à faire, ni à l’intérieur ni à l’extérieur ; se peut-il que les nations continuent à former des corps politiques distincts ; qu’elles se tiennent séparées, quand leurs producteurs et leurs consommateurs se mêlent ; qu’elles conservent une diplomatie, pour régler des prétentions, déterminer des prérogatives, arranger des différends, échanger des garanties, signer des traités, etc., sans objet ?

Poser cette question, c’est l’avoir résolue. Cela n’a désormais plus besoin qu’on le prouve. Quelques explications seulement, au point de vue des nationalités.

Rappelons le principe. L’institution gouvernementale, avons-nous dit, a sa raison dans l’anarchie économique. La Révolution faisant cesser cette anarchie et organisant les forces industrielles, la centralisation politique n’a plus de prétexte ; elle se résout dans la solidarité industrielle, solidarité qui réside exclusivement dans la raison générale, et dont nous avons pu