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et forêts et des mines, comme de simples mercenaires ; s’il faut nous habituer à voir dans cette vile multitude des corporations souveraines : comment conserver le rapport hiérarchique du ministre aux chefs de bureaux, des chefs de bureaux aux ingénieurs, et de ceux-ci aux ouvriers ? comment conserver cette suprématie de l’État ?

Les ouvriers, exaltés par l’usage qui leur a été conféré des droits politiques, voudront les exercer dans leur plénitude, les réaliser à la lettre. D’abord, s’associant entre eux, ils choisiront leurs conducteurs, leurs ingénieurs, leurs architectes, leurs comptables ; puis ils traiteront directement, de puissance à puissance, avec les autorités communales et départementales, pour l’exécution des travaux. Loin de se soumettre à l’État, ils seront l’État lui-même, c’est-à-dire, en ce qui concerne leur spécialité industrielle, la représentation directe, vivante, du Souverain. Qu’ils se donnent une administration, qu’on leur ouvre un crédit, qu’ils fournissent caution, et le Pays trouvera en eux une garantie supérieure à celle de l’État ; car eux du moins seront responsables de leurs actes, tandis que l’État ne répond jamais de rien.

Parlerai-je du ministère de l’Agriculture et du Commerce ? Le budget de ce département est de 17 millions et demi, gaspillés en secours, subventions, encouragements, primes, remises, fonds secrets, surveillance, service central, etc. Lisez hardiment : faveurs, corruption, sinécures, parasitisme, vol.

Ainsi, pour l’enseignement de l’agriculture et ses divers encouragements, je trouve 3,200,000 francs. J’ose dire, sauf le respect que je dois aux estimables professeurs, que 3,200,000 francs de guano serviraient plus aux paysans que leurs leçons.