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Les trois ministères des Travaux publics, de l’Agriculture et du Commerce, et des Finances, disparaissent de même dans l’organisme économique.

Le premier est impossible, pour deux raisons : 1o l’initiative des communes et départements, quant à l’entreprise des travaux à opérer dans leur circonscription ; 2o l’initiative des compagnies ouvrières, quant à l’exécution desdits travaux.

À moins que la démocratie ne soit un leurre, et la souveraineté du Peuple une dérision, il faut admettre que chaque citoyen dans le ressort de son industrie, chaque conseil municipal, départemental ou provincial sur son territoire, est le représentant naturel et seul légitime du Souverain ; qu’en conséquence chaque localité doit agir directement et par elle-même dans la gestion des intérêts qu’elle embrasse, et exercer à leur égard la plénitude de la souveraineté. Le Peuple n’est autre chose que l’union organique de volontés individuellement libres et souveraines, qui peuvent et doivent se concerter, mais s’abdiquer jamais. C’est dans l’harmonie de leurs intérêts que cette union doit être cherchée, non dans une centralisation factice, qui, loin d’exprimer la volonté collective, n’exprime que l’aliénation des volontés particulières.

L’initiative directe, souveraine, des localités, dans la détermination des travaux qui leur compètent, est la conséquence du principe démocratique et du libre contrat : leur subalternisation à l’État est une invention de 93, renouvelée de la féodalité. Ce fut l’œuvre en particulier de Robespierre et des jacobins, et le coup le plus funeste porté aux libertés publiques. Les fruits en sont connus : sans le Pouvoir central, on n’eût pas vu cette absurde concurrence des deux voies de Paris à Versailles ; sans le Pouvoir central, nous